Pratiques de la Décision, l'ouvrage récent (2005) de Laurent Falque et Bernard Bougon se présente sous une forme très académique, tant dans l'organisation que dans le ton. Les attaches universitaires des auteurs ne sont, sur ce plan, pas prises en défaut ! On est loin de la fluidité d'écriture d'un Bruno Jarrosson . Qu'importe, l'ensemble est agréablement structuré avec une première partie reprenant les analyses classiques et les processus connus de décision, avec une mise en perspective appuyée par des exemples, pour aller vers une seconde partie reprenant ces exemples mais en y intégrant la notion de discernement. Cette approche alternative permet de placer les processus de choix puis de décision dans la perspective de la finalité. Il s'agit ici de la finalité professionnelle mais il est aisé de décliner l'approche à des fins plus personnelles. C'est un ouvrage à lire, à relire et surtout "à pratiquer". C'est une posture, un comportement, des habitudes qu'il convient de s'approprier pour une prise de distance efficace.
Le sous-titre "Développer ses capacités de discernement" démontre la volonté utilitaire et pratique des auteurs.
Ce qui me frappe, à la lecture de ces réflexions étayées et éclairées efficacement par des cas concrets, c'est la nécessité aujourd'hui de devoir disserter, argumenter, démontrer l'indispensable place du discernement dans les processus décisionnels. La surabondance d'information, la place du décideur, la rapidité des flux d'information et de la prise de décision, ne laissent-elles plus le temps ni la place au bon sens qu'il soit si nécessaire d'en rappeler le besoin ?
Malheureusement, je crois que oui. Il n'est pour s'en convaincre que de se rapprocher du secteur des métiers, de l'artisanat ou de l'agriculture. Décider dans l'axe de la finalité professionnelle est le quotidien de ces professionnels. A les interroger, on constate qu'il ne s'agit pour eux que de bon sens et que, s'il fait défaut, la réalité les rappellera rapidement à l'ordre.
Oui, nos organisations sont apparemment génératrices de décisions autrement plus complexes et leur finalité professionnelle n'est pas toujours clairement définie mais cela n'empêche pas de faire preuve de bon sens.
C'est de ce discernement là dont l'ouvrage de Falque et Bougon me semble le plus porteur. C'est aussi un cheminement intérieur et une réflexion sur soi-même qu'il serait sain de pratiquer plus souvent.
A lire et ... à pratiquer.
Bonsoir,
En tant qu'auteur de l'ouvrage que vous commentez, je trouve vos commentaires très intéressants. C'est toujours une expérience inattendue que de découvrir ce que provoque la lecture d'un livre par des personnes qui partagent des convictions similaires.
MErci donc, et peut-être auront nous l'occasion d'approfondir
Rédigé par : Falque Laurent | juin 22, 2006 à 20:20